MCC Gallery présente la première grande exposition personnelle de l’artiste pluridisciplinaire Amine El Gotaibi, une exposition d’envergure qui réunit neuf projets majeurs réalisés entre 2011 et 2021. Intitulée Visite, l’exposition rassemble plus de trente œuvres développées au cours de la dernière décennie, allant de la sculpture à la photographie, du dessin à l’installation vidéo.
Occupant l’espace de MCC Gallery avec une scénographie immersive et un parcours labyrinthique conçu par l’artiste lui-même, Visite plonge immédiatement le visiteur dans un univers esthétique où rêve et réalité se confondent, traduisant l’imaginaire de ceux qui empruntent les chemins que l’artiste arpente depuis des années.
Dans sa quête artistique, comme en témoignent toutes ses œuvres, El Gotaibi interroge l’identité sans l’imposer, sans discours. À travers des gestes précis, il fait de son art, à l’image du théâtre brechtien, un acte social et politique, où l’esthétique rejoint le fait. Ce n’est pas l’artiste, mais son œuvre, qui en transmet le sens.
Autour du projet Dry River (initié en 2007), El Gotaibi tisse l’univers de Visite, peuplé d’oxymores et de dichotomies. Cette rivière asséchée devient l’allégorie même de notre condition : trace, mémoire d’une fécondité disparue. Pour El Gotaibi, chaque projet se déploie en plusieurs étapes, mystérieuses et changeantes, pouvant l’emmener vers des issues insoupçonnées. C’est le cas de Dry River, qui a donné naissance à Visite to Okavango, autre fleuve fascinant, source inépuisable d’inspiration.
Avec Nouvelle Religion (2012), il pousse plus loin sa réflexion sur les tensions entre croyances archaïques et religiosité contemporaine. En mettant en dialogue le football et le péché originel, il révèle l’essor troublant d’un nouveau culte collectif.
En 2014, il présente Ring of Submission à l’Institut du Monde Arabe (IMA), une œuvre questionnant les dogmes et traditions qui régissent nos sociétés modernes. Ses projets les plus récents — National Territory (2016), Perspective de brebis (2019), Perspective de séduction (2020) ou encore Lion de l’Atlas (2021) — interrogent les catégorisations sociales et la relation de l’individu au pouvoir technique et politique. Il y introduit des matériaux symboliques comme la laine et le béton, ouvrant la voie à de nouvelles expérimentations formelles.
Avec Ba Moyi Ya Africa (2019) — littéralement « Les Soleils d’Afrique » —, l’artiste questionne son identité africaine. Présentée à la Young Congo Biennale, cette installation monumentale déconstruit les clichés sur un continent auquel il appartient sans totalement s’y reconnaître : un autre paradoxe que seul le voyage permet de dépasser.
Pour matérialiser la métaphore des soleils multiples, El Gotaibi installe trente-trois projecteurs formant un cercle incandescent. Cette lumière aveuglante devient l’image d’un soleil éclatant, renvoyant directement au titre de l’œuvre.
La même année, il part en résidence au parc de sculptures de la Nirox Foundation en Afrique du Sud, dans le cadre de Visite to Okavango, une expédition artistique panafricaine de terrain, reliant le Maroc au Botswana. Ce projet collaboratif entend promouvoir une autre vision du continent, plus authentique, loin des stéréotypes et récits médiatiques dominants.
Durant cette résidence, il crée Sun(W)hole (2020), une installation murale monumentale de 15,3 mètres de long sur 4 mètres de haut, érigée sur une colline. Il en présente aujourd’hui le processus sous la forme d’un triptyque photographique retraçant les étapes d’idéation, de réalisation et d’installation in situ.
Les œuvres réunies dans Visite forment ainsi un contre-pouvoir métaphorique, plaçant le regard du spectateur à la croisée des sources esthétiques, poétiques, narratives et politiques de la pensée de l’artiste. Un corpus cohérent, indissociable, qui nous invite à relire sans fin les métamorphoses d’une terre en devenir — aux mille peaux, sons et couleurs — une terre illuminée par le soleil et la force créatrice : la terre africaine.
L’exposition est accompagnée d’une publication monographique richement documentée, incluant des textes de critiques d’art et écrivains nationaux et internationaux tels que : Brahim Oulahyane, Elisa Ganivet, Fatima-Zahra Lakrissa, Juan Asis, entre autres.
